Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/423

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chauffa ; alors l’eunuque poussa l’audace jusqu’à mettre à part ce qu’il y avait de mieux parmi les marchandises et à s’en saisir, sans s’inquiéter des réclamations du propriétaire.

« Le marchand partit secrètement de Khan-fou et se rendit à Khomdan, capitale de l’empire, à deux mois de marche, et même davantage ; il se dirigea vers la Chine dont il a été parlé. L’usage est que celui qui agite la sonnette[1] sur la tête du roi soit conduit immédiatement, à dix journées de distance, dans une espèce de lieu d’exil ; là, il est tenu en prison pendant deux mois, ensuite le gouverneur du lieu le fait venir en sa présence, et lui dit : Tu as fait une démarche qui, si ta réclamation n’est pas fondée, entraînera la perte et l’effusion de ton sang ; en effet, l’empereur avait placé à la portée de toi et des personnes de ta profession des vizirs et des gouverneurs auxquels il ne tenait qu’à toi de demander justice. Sache que, si tu persistes à t’adresser directement à l’empereur, et que tes plaintes ne soient pas de nature à justifier une telle démarche, rien ne pourra te sauver de la mort ; il est bon que tout homme qui voudrait faire comme toi soit détourné de suivre ton exemple jusqu’au bout ; désiste-toi donc de ta réclamation et retourne à tes affaires. Or, quand un homme, en pareil cas, retire sa plainte, on lui applique cinquante coups de bâton, et on le renvoie dans le pays d’où il est parti ; mais, s’il persiste, on le conduit devant l’empereur.

  1. L’empereur a, dans son palais, une cloche à l’usage des opprimés qui réclament sa protection. Elle ne fonctionne pas plus aujourd’hui que la cymbale des mandarins.