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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/429

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veau gouvernement. Il est donc probable que ce fut pour paralyser ces tentatives de contre-révolution qu’il fut statué que nul ne serait mandarin dans son propre pays, et que les magistrats n’exerceraient pas leur charge au delà de trois ans dans le même lieu.

La dynastie mantchoue ne manqua certainement pas de colorer cette innovation de spécieux prétextes tirés de l’utilité publique et de la sollicitude pour le bonheur du peuple ; on n’oublia pas de dire que les magistrats, éloignés de leurs parents et de leurs amis, n’auraient à subir aucune influence dans l’administration de la justice, et seraient plus libres de se dévouer entièrement à leurs fonctions et aux intérêts du pays. Tels étaient les motifs avoués publiquement pour faire accepter cette modification aux institutions de l’empire ; mais, au fond, on avait pour but d’empêcher les hommes influents de prendre racine quelque part et de se créer des partisans.

Les conquérants de la Chine ont parfaitement réussi pendant plus de deux cents ans. Les grands mandarins chinois, errant toujours de province en province sans pouvoir jamais se fixer dans aucun poste, tout concert est devenu impossible ; les chefs de parti, les représentants de la nationalité chinoise, ne pouvant compter, dans les provinces, sur des agents dont l’autorité était passagère, les conjurations ont été facilement étouffées. Cette politique, bonne, peut-être, pour asseoir et consolider un pouvoir naissant, ne pouvait manquer d’être, dans la suite, une source de désordre ; en faisant de cette mesure, qui ne devait être que transitoire, une loi de l’empire, les imprudents vainqueurs de la Chine dé-