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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/57

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appartements qu’on nous y avait préparés, les curieux arrivèrent en foule pour nous voir, et bientôt la cohue fut étourdissante. Comme nous étions beaucoup plus désireux de nous reposer que de nous donner en spectacle, nous essayâmes de mettre tout le monde à la porte. L’un de nous se présenta sur le seuil de la chambre, et adressa à la multitude quelques paroles qui furent accompagnées d’un geste si énergique et si impérieux que le succès fut complet et instantané. La foule fut saisie comme d’une terreur panique et se sauva en courant. Aussitôt que la cour fut complètement évacuée, nous fîmes fermer le grand portail de peur d’une nouvelle invasion. Peu à peu, cependant, le tumulte recommença dans la rue. On entendit d’abord les sourdes agitations de la multitude, et puis les clameurs éclatèrent de toute part. A toute force ces excellents Chinois voulaient voir les Européens. On frappa à coups redoublés au grand portail ; on l’agita si violemment qu’il tomba bientôt à terre, et le torrent populaire se précipita de nouveau avec impétuosité dans la cour. Le cas était grave, et il importait beaucoup que nous eussions le dessus. Nous saisîmes, d’inspiration, un long et gros bambou qui se trouvait, par hasard, à notre portée. Ces pauvres Chinois s’imaginèrent que nous avions dessein de les assommer, et, se culbutant, se précipitant les uns sur les autres, ils se sauvèrent en désordre. Nous courûmes à la chambre de notre mandarin conducteur, qui, ne sachant quel rôle jouer au milieu de toutes ces émeutes, avait pris le parti de se cacher. Aussitôt que nous l’eûmes découvert, sans lui laisser le temps de carier, pas même de réfléchir, nous lui posâmes sur la