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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/69

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L’opium ne se fume pas de la même manière que le tabac. La pipe est composée d’un tube ayant à peu près la longueur et la grosseur d’une flûte ordinaire. Un peu avant l’extrémité de ce tube, on adapte une boule en terre cuite, ou d’une autre matière plus ou moins précieuse, et qu’on perce d’un petit trou qui communique avec l’intérieur du tube. L’opium est une pâte noirâtre et visqueuse qu’on est obligé de préparer de la manière suivante avant de fumer. On prend avec l’extrémité d’une longue aiguille une portion d’opium de la grosseur d’un pois, on le chauffe ensuite à une petite lampe jusqu’à ce qu’il se gonfle et soit parvenu à la cuisson et à la consistance voulues. Alors on dispose cet opium ainsi préparé au-dessus du trou de la boule, de manière à lui donner la forme d’un petit cône qu’on a le soin de percer avec l’aiguille, pour qu’il y ait communication avec la cavité du tube. On approche alors cet opium de la flamme de la lampe. Après trois ou quatre aspirations, le petit cône est entièrement brûlé, et toute la fumée est passée dans la bouche du fumeur, qui la rejette insensiblement par les narines. On recommence ensuite la même opération, ce qui rend cette manière de fumer extrêmement longue et minutieuse. Les Chinois préparent et fument l’opium toujours couchés, tantôt sur un côté et tantôt sur un autre ; ils prétendent que cette position est la plus favorable. Les fumeurs de distinction ne se donnent pas la peine de façonner eux-mêmes l’opium ; ils ont quelqu’un chargé de ces menus détails, et qui leur sert la pipe toute préparée.

A Canton, à Macao et dans les divers ports de la Chine ouverts au commerce européen, nous avons entendu