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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/94

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costumés de la même façon. Ils avaient tous également des figures plus ou moins chinoises ; mais aucune n’était comparable à celle du président ; ses lunettes grandioses, surtout, produisaient sur nous un effet étonnant, et bien opposé, sans doute, à celui qu’il se proposait. On voyait que cet homme cherchait à nous frapper par une immense dignité. Il n’avait rien répondu à notre observation quand nous avions refusé de nous mettre à genoux, il n’avait pas même fait un léger mouvement. Depuis que nous étions entrés, toujours même attitude et même silence, on eût dit une statue. Cette position un peu burlesque dura assez longtemps, et nous permit d’étudier, tout à notre aise, la société singulière au milieu de laquelle nous nous trouvions ; cela devenait si plaisant, que nous nous mîmes à causer, entre nous, en français, mais à voix basse. Nous nous communiquions nos petites impressions du moment, qui eussent bientôt fini par nous faire perdre notre gravité pour peu que cela se fût encore prolongé.

Enfin le président se décida à rompre son majestueux silence ; il fit entendre sa voix nasillarde et glapissante et nous demanda de quel pays nous étions. — Nous sommes des hommes de l’empire français. — Pourquoi avez-vous quitté votre noble patrie pour venir dans le royaume du Milieu ? — Pour prêcher aux hommes de votre illustre empire la doctrine du Seigneur du ciel. — J’ai entendu dire que cette doctrine était très-relevée. — C’est vrai ; mais les hommes de votre nation célèbre sont doués d’intelligence, et avec une application soutenue, ils peuvent parvenir à l’acquisition de cette doctrine. — Vous parlez le langage de Péking ; où l’avez--