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Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/166

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jour, de la petite habitation à la ville, et vice versa. Cora fut donc pour sa vieille maîtresse une véritable providence. Une fille ou une sœur n’eût pas montré plus de sollicitude et de dévouement que n’en montra à madame Mongenis l’ancienne esclave, notamment pendant deux graves maladies de la pauvre femme.

Il faut que nous le disions bien vite à la louange des deux races antagonistes, à la louange des esclaves et des maîtres, des opprimés et des oppresseurs : ces exemples de dévouement, que les distributeurs de prix Montyon n’ont jamais pu supposer devoir exister là où il était plus naturel de soupçonner la haine et le despotisme outrageant, ces exemples de dévouement, dis-je, étaient si nombreux aux colonies, que la conduite de Cora, quoique connue de toute la population créole, ne souleva aucune admiration publique. Elle lui valut seulement de vives sympathies, qui se traduisaient en un bénéfice très-clair dans son commerce.


IV


Le regret de madame Mongenis, sa préoccupation constante était de ne plus voir Francilia, la petite métive idolâtrée et ingrate. Francilia avait rejoint, comme je l’ai dit, le jeune mulâtre à la ville ; après y avoir traîné avec lui, pendant quelque temps, une vie d’oisiveté et de vice, elle l’avait suivi dans son marronnage. Ils s’étaient réfugiés tous deux dans les bois qui servaient de limites aux terres de la petite habitation.

Ici, je dois raconter la plus étrange bizarrerie qu’il soit