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Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/192

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avec moi… Tenez, je vois les embarcations se détacher des autres bâtiments…

— Je n’ai pas encore mon ordre de débarquement, répondit le commandant, mais, ma foi ! le cas est urgent ; allez, mon ami.

Cinq minutes après, une embarcation montée par douze hommes quittait les flancs de la corvette et se dirigeait vers la terre à force de rames et sous le cri répété d’une voix fiévreuse par de Vauclair :

— Pesez sur les avirons, mes enfants !… pesez donc !…

L’enseigne, à la tête de sa corvée, gagna au pas de course le lieu du sinistre. Au moment où il arriva devant la maison que l’incendie avait enveloppée dans ses replis avant même qu’aucun secours ait pu en arrêter la marche, au moment, dis-je, où de Vauclair arriva devant la maison, Églantine apparut à une des croisées, les vêtements et les cheveux brûlés, étendant, au milieu des flammes ses bras mutilés. Derrière la jeune fille, et la retenant par le milieu du corps comme pour l’attirer dans le plus ardent foyer de l’incendie, les spectateurs de cette horrible scène purent apercevoir Manette qui, pareille à une furie, arracha Églantine de la fenêtre et l’entraîna hors de la chambre.

Tous les secours étaient arrivés en même temps et de tous les côtés ; mais aux colonies, où la plupart des maisons sont en bois, il est rare qu’on puisse les arracher à un incendie ; et, malheureusement, les rapides progrès du feu laissent généralement moins de chance encore de sauver les personnes.

Le jeune enseigne, à la vue d’Églantine, s’était élancé vers la maison. Au moment où il allait se jeter dans le brasier pour appliquer une échelle contre la façade, la maison s’écroula avec un horrible fracas, que domina un cri perçant. Vauclair reconnut la voix de mademoiselle