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Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/211

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TOBINE




I


À l’époque où se passe ce récit, la Havane n’était point encore cette ville civilisée et policée telle que j’ai eu l’occasion de la dépeindre ailleurs[1]. Avant l’année 1834, date de sa régénération sous l’énergique administration du général Tacon, la Havane n’avait pas moins de luxe, pas moins d’opulence qu’elle n’en a aujourd’hui ; mais les habitants ne jouissaient pas de ces heureux priviléges avec cette sécurité et cette quiétude qui en doublent le prix. Chacun était réduit à pourvoir à sa sûreté personnelle les armes à la main ; on assassinait, on volait, on enlevait, on insultait les gens dans les rues, comme au milieu d’un bois, aussi bien en plein midi que sous le manteau des ténèbres de la nuit.

La police et la justice, par peur et par impuissance, se trouvaient de complicité dans ces crimes quotidiens et dans ce désordre social, oubliés aujourd’hui, mais qui déshonoraient, alors, l’île entière de Cuba.

  1. Voir le volume intitulé : les Femmes du Nouveau-Monde.