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Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/229

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V


Quinze jours s’étaient écoulés. André les avait consacrés à disséquer, pour ainsi dire, toutes le riches volantes qui, dans l’après-midi, sillonnaient le paseo et le lameda, cherchant à reconnaître celle qu’il avait à peine eu le temps d’examiner dans le salon de l’hôtel.

Dans aucun des cercles où les femmes se réunissent pour la danse et la musique ; ni au théâtre, ni sur les promenades, ni dans les églises, ni sur les balcons arrondis des salons, où les Havanaises passent leurs soirées dans une butaca (fauteuil à bascule), et d’où elles jettent des œillades aux passants ; nulle part, enfin, André n’avait pu surprendre un geste, un mot, un regard qui eût pu autoriser des soupçons.

Les Havanaises, toujours gracieuses, affables, indulgentes, encouragent volontiers, par ce que nous appellerions en France un manque de retenue, les propos un peu risqués et même les déclarations à brûle-corset. André