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Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/75

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— Laquelle ? demanda Firmin.

— C’est que si vous voyez par hasard ma fille, d’ici à demain, ou plus tard, n’importe, vous ne lui direz point de quelle part vous venez, ni ne prononcerez jamais devant elle le nom de M. le comte de Lansac. Vous me le promettez ?

— Est-ce que cette jeune demoiselle qui était là tout à l’heure est mademoiselle Madeleine ? demanda le faux Claudien.

— Oui, répondit le mulâtre, c’est ma fille ; mais vous n’oublierez point ma recommandation.

— C’est que, reprit Firmin, M. le comte m’a donné justement pour mission de le rappeler au souvenir de mademoiselle Madeleine.

— Voyons, que vous a-t-il chargé de lui dire ? demanda Jérémie avec un empressement plein d’inquiétude, confiez-moi cela ; je le transmettrai dès ce soir à ma fille, moi-même ; cela lui fera plaisir.

— Eh bien ! reprit Firmin, M. le comte m’a recommandé de lui faire toutes sortes de compliments bien respectueux, de lui dire qu’il ne l’avait point oubliée, et qu’il faisait des vœux pour son bonheur…

— Et rien de plus ?

Jérémie posa cette question en tremblant et en balbutiant.

— Rien de plus, répondit Firmin.

L’économe essuya son front trempé de sueur.

— Eh bien ! monsieur Claudien, attendez-moi ici, reprit-il ; je vais vous chercher à souper, ma foi ! ce que j’aurai de meilleur ; un recommandé de M. le comte de Lansac sera reçu dans ma maison comme mon propre enfant.