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Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/99

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grand cri en élevant ses mains vers le ciel et tomba évanouie.

Firmin s’élança d’un bond à ses côtés, la saisit dans ses bras, la pressa, froide et inerte, contre son cœur frémissant, l’appelant par son nom, la caressant des yeux, des lèvres, de la parole ; il se sentait soi-même perdre ses forces et son énergie à ce contact passionné.

Madeleine reprit bientôt ses sens. En ouvrant ses yeux languissants et amollis par l’évanouissement, elle parut sortir d’un rêve d’abord. Ses regards étonnés s’arrêtèrent sur Firmin, pendant l’espace d’une seconde au plus, puis elle se souvint tout à coup, et se dégageant de l’étreinte tendre qui la retenait amoureusement prisonnière, elle s’enfuit au bout de la pièce, où, d’une voix suppliante et ferme à la fois :

— Monsieur de Lansac, dit-elle, pourquoi êtes-vous revenu ? Allez-vous-en ; vous avez trompé ma confiance, vous avez trahi votre promesse…

Firmin voulut faire un pas vers elle.

— Vous voyez bien que je suis seule ici, reprit-elle, que mon père est absent. Partez, Monsieur, partez…

— Pourquoi je suis revenu, Madeleine ? répondit Firmin en demeurant à sa place, vous me le demandez ! Ah ! quand je vous l’aurai dit, vous ne m’ordonnerez plus de partir. Madeleine, je suis revenu, malgré ma promesse, malgré mes serments, parce que je vous aime, parce que je vous veux pour ma femme, parce que je viens vous donner mon nom… si vous me jugez toujours digne d’un si grand bonheur !

— Moi, votre femme !… fit Madeleine en laissant tomber, stupéfaite, ses bras le long de son corps. Y songez-vous bien, monsieur de Lansac ? et ne vous trompez-vous pas ?… Ah ! continua-t-elle en portant la main à son cœur