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Page:Féret - Les Origines normandes de François Villon - 1904.djvu/23

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DE FRANÇOIS VILLON


11o Maistre François de la Vacquerie : (G. T. v. 1214).


12o Robert d’Estouteville (G. T. 1378 et 1391). Pour sa femme, Ambroise de Loré, Villon a fait un acrostiche. Estouteville est prévost de Paris. Il est d’une vieille souche normande et Scandinave (de la famille qui reçut de Rollon le domaine de Valmont). Le premier nom était Stoot, le grand, le robuste. Il fut mué en Estout. Le domaine s’appela Stotevilla, la ferme d’Estout. La branche anglaise est devenue Stuteville (Hist. de la maison d’Estouteville, par Gabriel de la Morandière). Ce prince a protégé certainement le malheureux trouvère, et peut-être n’a-t-il pas été étranger au succès de son appel, à la délivrance des lettres de rémission. Comment n’être pas frappé que la protection de cet officier royal s’étende sur le coupable clerc, sur le turbulent qui rompt et promène les enseignes, marie la borne de La Vesse à celle du Pet-au-Diable, déprède les échoppes, combine les grivèleries, chante le bourdeau, joue aux dés pipés, mène scandale ès tavernes, brise les crochets aux étaux, et pis : travaille les portes de la pince ?

Le prévost de Paris n’a pas de dilection naturelle pour les clercs, même rimasseurs, qui se réclament à chaque méfait de leur bénéfice de clergie, afin de passer des geôles puantes et des basses fosses du Châtelet aux plus clémentes prisons de l’officialité : à ce jeu, il perd souvent son gibier.

Estouteville n’est pas nommé expressément dans les Legs, mais clairement désigné. Villon sait jusqu’à ses dévotions particulières à Saint-Christophe. Il est difficile de ne pas le reconnaître dans le portrait du seigneur qui « attainct troubles, farfaits, sans espargner ». Et puis il y a l’acrostiche à sa femme qui témoigne de relations assez intimes entre le rimeur et le prévôt. Est-il pas vraisemblable qu’une communauté d’origine a mérité à Villon l’indulgence du grand Examinateur ?