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Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/157

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— Il m’a procuré une petite chambre garnie pas chère, dans une maison qui n’est pas belle, mais qui a l’air bien tranquille.

— Tout est donc pour le mieux, amour, dit Mme Samayoux. La nuit porte conseil, réfléchis, et pas de coup de tête.

Maurice fit un pas pour sortir, mais elle n’avait point lâché sa main, elle le retint d’autorité.

— Mon lieutenant, dit-elle, tu as refusé l’argent de maman Léo. Tu lui en veux, tu te figures qu’elle a essayé de te mettre dans l’esprit de mauvaises idées. Elle n’est pas capable de ça, mon fils, elle a voulu tout uniment couler un peu de plomb dans ta cervelle de linotte. L’appétit vient en mangeant, c’est certain ; elle t’en a dit peut-être un peu plus long qu’elle ne l’avait résolu, mais elle ne t’en a pas trop dit. Résumé du président : la jeune fille t’aime ; mais il y a un valet de carreau, et le neuf de pique sur enjeu. Conclusion générale : veille au grain et tiens bien tes cartes, ou tu seras obligé, comme tu l’as dit sans y croire, de reprendre, soit demain, soit plus tard, ta feuille de route sur Marseille. Embrasse-moi et dis merci !

Elle lui secoua la main avec une vigueur toute virile et l’attira presque de force dans ses bras.

— Merci, maman, dit Maurice, qui essaya de sourire.

La dompteuse murmura dans un baiser véritablement maternel :

— Que comptes-tu faire ?

Au lieu de répondre, le jeune officier demanda :