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Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/224

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La porte s’ouvrit et se referma.

Le colonel était seul avec Mlle de Villanove, qui reprenait lentement ses sens. Il rapprocha son fauteuil du chevet et s’établit en homme qui veut avoir toutes ses aises.

Les yeux de la jeune fille s’ouvrirent, mais ils semblaient privés de la faculté de voir.

— Au théâtre, pensa le colonel, dans de bonnes occasions comme celle-ci, elles disent généralement : « Où suis-je ? Que s’est-il passé ? » et autres faridondaines. Je voudrais abréger les préliminaires. Voyons !

Il eut une petite toux sèche qui fixa sur lui les regards de Mlle de Villanove ; elle fit aussitôt un effort pour se dresser sur son séant, mais elle ne put.

— Comment vous trouvez-vous, ma bonne chérie ? demanda le colonel du ton le plus affectueux.

Valentine jeta ses yeux égarés tout autour de la chambre.

— Oui, oui, prononça doucement le bonhomme, il n’y a pas à dire, c’est une mauvaise affaire.

— Là ! murmura Valentine, dont le doigt convulsif se tendit, c’est là !

Elle montrait l’endroit où naguère Maurice s’était tenu debout les bras croisés sur sa poitrine.

— C’est là, en effet, répéta le colonel, c’est là qu’il a dit : « Fleurette ! » et que vous avez répondu : « Maurice ! » en ajoutant d’autres paroles également imprudentes dans votre situation.

Valentine se couvrit le visage de ses mains.

— Malheureusement, reprit le colonel, il y avait