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Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/323

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mots prononcés par le colonel pendant qu’ils traversaient le bureau du greffier :

— Drôle de fillette !… Ah ! j’oubliais de te dire une chose qui a son importance : Je suis sur la trace des deux exemplaires du fameux mémoire. Il faut quelquefois aider un peu l’arme invisible. Eh ! l’Amitié, à qui servira la corbeille de noces ? on ne pourra pas dire que je n’ai pas mené rondement ma dernière affaire !

Remy d’Arx et Valentine suivaient les corridors solitaires ; ils ne rencontrèrent pas une âme depuis le parquet jusqu’à l’escalier descendant à la Conciergerie. La route était courte, elle leur parut bien longue ; Remy allait d’un pas pénible, et plus d’une fois il fut obligé de s’arrêter.

Désormais ils gardaient tous les deux le silence.

Le premier guichetier qu’ils rencontrèrent vint à eux vivement, mais il se détourna en portant la main à sa casquette quand il reconnut le juge.

À la pistole, Remy ordonna qu’on lui ouvrît la cellule du lieutenant Pagès. Cet ordre fut reçu avec étonnement, mais ne souleva aucune objection : les magistrats chargés d’instruire les affaires criminelles exercent là-bas, en concurrence avec le ministère public, un pouvoir absolu ; leur responsabilité dégage de plein droit celle des employés de l’administration, quel que soit le grade de ces derniers.

C’était la présence de Valentine qui excitait l’étonnement, c’était aussi la détresse visible qui se lisait sur les traits du juge.

Quand le porte-clefs fit jouer la serrure, Valentine