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Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/369

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Quand Valentine eut achevé sa courte prière, elle dit :

— Il faut nous hâter, car on pourrait venir.

Elle jeta ses deux bras autour du cou de Maurice, et il y eut un dernier baiser qui souriait encore, mais qui était navrant comme un adieu.

Puis tous les deux à la fois tendirent leurs mains vers la coupe.

Ni l’un ni l’autre ne la prit ; un bruit soudain et violent se faisait entendre derrière la porte, qu’on essayait d’ouvrir du dehors.

La porte résista, elle était fermée à clef, mais elle battait contre le chambranle, parce que la serrure usée ne tenait plus.

Un choc irrésistible fit sauter le pêne hors de la gâche.

Remy d’Arx, semblable à un spectre, se montra sur le seuil.

Sa course et l’effort qu’il venait de faire avaient mis le comble à son épuisement ; il était si effrayant à voir que Valentine entoura Maurice de ses bras et lui dit :

— Ne te défends pas, nous lui appartenons.

Remy traversa toute la chambre sans parler. En marchant, il se soutenait aux meubles comme ceux que l’ivresse va terrasser.

Arrivé auprès de la table, il demeura un instant immobile.

Son regard se détournait de Valentine ; il dit à Maurice :

— Je vous pardonne, tâchez d’être heureux.