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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/139

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» Mon humble rôle est seulement d’appeler votre attention sur une possibilité dangereuse, et j’espère qu’on ne m’en voudra pas pour cela.

» C’est, du reste, de ce côté que se portent tous les soins de la bande Cadet. Elle sait qu’au moyen de son procédé, il existe pour elle une véritable assurance contre les suites du crime et elle déploie pour la fabrication du prétendu coupable une très grande habileté. Je donne un exemple : c’est la bande Cadet elle-même qui a coupé le bras droit du misérable appelé Clément-le-Manchot. Il y a dix-huit mois de cela. Son bras lui fut acheté de gré à gré.

» Pourquoi ? parce que l’homme choisi d’avance pour payer la loi dans l’affaire dont j’ai l’honneur de vous entretenir n’a qu’un bras.

» Celui-là est jeune, un appât amoureux qu’ils ont peut-être tendu, l’attire dans la maison du meurtre. Entre eux ils l’appellent « le petit duc ».

» Et j’ai cru comprendre qu’il est l’héritier des deux femmes condamnées à mourir ; c’est encore un de leurs trucs, ils jouent tant qu’ils peuvent de la maxime romaine : « Celui-là est présumé coupable à qui le crime profite. »