Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/350

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pour mes joues, mon front, mes yeux ! Eh ! patron ! ne vous en allez pas encore, j’ai duré plus longtemps que cela, moi, cette nuit ! Coquin de sort ! j’ai gaspillé l’eau-de-vie… Encore une douche pour le coup de couteau de la fin !

Cadet-l’Amour ne râlait plus.

Le froid était si intense que le sac était devenu bloc de glace.

Le Manchot, ivre de bestiale fureur, le dressa contre la muraille et essaya de le briser à coups de pied. N’y pouvant réussir, il le recoucha, et, prenant son élan, il fit un saut en hauteur, pour retomber de tout son poids, les deux talons réunis, sur la bière de glace qui creva avec un épouvantable bruit.

La poitrine écrasée de l’autre bête féroce rendit un horrible soupir.

Par le trou, d’où il retira ses deux jambes, le Manchot lança vingt coups de coutelas inutiles, puis il se vautra par terre et s’endormit, — ivre-mort de vengeance.