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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/46

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tant de l’onde, sacré tonnerre ! Angèle, que tu as faite duchesse, et qui s’est moquée de toi ! C’est pour elle que tu as tué la première fois, marquis ! marquis, elle ne t’avait pas chargé de cela, mais tu avais déjà le diable au corps… tu aurais mieux fait d’étrangler l’autre… le satané docteur Lenoir ! Tout le fil que tu as à retordre vient de celui-là, marquis ; mais, patience ! son tour arrivera… Angèle n’a jamais pu te souffrir. Tu étais trop vieux, marquis, et pas un brin de poil sur la figure ! Elles n’aiment pas ça… Sacré tonnerre ! ma barbe était en dedans !

Elle s’envoya à elle-même un baiser dans la glace.

— Farceur ! fit-elle d’un ton caressant, volage comme la mouche à miel, — et le dard ! Sans le couteau, tu aurais été un parfait chérubin comme le pieux Énée ou le docteur Lenoir, mais bah ! les dames n’en veulent pas, de ces anges-là ; ce qu’il faut, c’est le tempérament. Tu en as, — et à part la chose d’adorer le sexe, pas une habitude : ni jeu ni boisson… Une goutte de temps en temps pour l’imagination, une pipe… tu vivrais avec douze cents francs d’appointements, marquis, ma pauvre vieille !