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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/9

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LA BANDE CADET

qu’un verre de vin lui chatouillait la cervelle…

Elle s’interrompit brusquement et eut un geste de colère contre elle-même.

— Mais bon Dieu ! dit-elle, de quoi vais-je m’occuper ? Voilà bien des minutes perdues qui étaient précieuses. Trois mois bientôt se sont écoulés depuis la soirée du 5 janvier. Tu sais qu’au moment du meurtre j’étais seule, — seule avec un homme dans la maison des demoiselles Fitz-Roy. Tu étais là, puisque tu as été arrêté. Étais-tu là pour moi ?

— Non, répondit Georges, qui baissa les yeux.

— Et après trois mois, ta première pensée n’est pas d’exiger une explication au sujet de la présence de cet homme auprès de celle que tu prétends aimer !

Il y avait dans son regard une tristesse profonde qui la faisait mille fois plus belle.

— Tiens ! ajouta-t-elle avec colère et découragement, tu n’es même pas jaloux de moi !

Et, avant que Georges pût répondre, elle s’écria dans l’amertume de son cœur :

— Ah ! celui-là m’aimait ! Il m’aimait à genoux ! jusqu’à en mourir ! Et que je voudrais l’aimer, moi aussi ! L’explication que vous ne me demandez pas,