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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/133

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LE BOSSU.

— Est-ce toi qui as parlé ? s’écria-t-elle. Tiens ! c’est certain… je deviens folle ! je ne reconnais plus ta voix.

L’une de ses mains tenait le fardeau dont M. de Peyrolles et son compagnon avaient parlé ; de l’autre, elle se pressa le front, comme pour fixer ses pensées en révolte.

— J’ai tant de choses à te dire ! reprit-elle. Par où commencerai-je ?

— Nous n’avons pas le temps, murmura Lagardère, qui avait pudeur de surprendre certains secrets ; hâtons-nous, madame.

— Pourquoi ce ton glacé ?… pourquoi ne m’appelles-tu pas Aurore ? Est-ce que tu es fâché contre moi ?

— Hâtons-nous, Aurore ! hâtons-nous !

— Je t’obéis, mon Philippe bien-aimé… je t’obéirai toujours !… Voici notre petite chérie… prends-la… elle n’est plus en sûreté avec moi… Ma lettre a dû t’instruire… Il se trame autour de nous quelque infamie…

Elle tendit l’enfant, qui dormait, enveloppée dans une pelisse de soie.

Lagardère la reçut sans dire une parole.

— Que je l’embrasse encore ! s’écria la pauvre mère, dont la poitrine éclatait en sanglots ; rends-la moi, Philippe… Ah ! je croyais mon cœur