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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/185

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LE BOSSU.

au travers des groupes, trop occupés pour prendre souci de lui.

Cet insolent qui s’en allait frottant ses coudes troués contre tant de pourpoints neufs, portait de mémorables moustaches à la crâne, un feutre défoncé qui se rabattait sur ses yeux, une cotte de buffle, et des chausses dont la couleur première était un problème. Sa rapière en verrouil relevait le pan déchiré du propre manteau de don César de Bazan.

Notre homme venait de Madrid.

L’autre — l’estafier humble et timide — avait trois poils blondâtres hérissés sous son nez crochu. Son feutre, privé de bords, le coiffait comme l’éteignoir coiffe la chandelle. Un vieux pourpoint, rattaché à l’aide de lanières de cuir, des chausses rapiécées, des bottes béantes, complétaient ce costume, qui eût demandé pour accompagnement une écritoire luisante bien mieux qu’une flamberge.

Il en avait une pourtant, une flamberge, mais qui, modeste autant que lui, battait humblement ses chevilles.

Après avoir traversé la cour, nos deux braves arrivèrent à peu près en même temps à la porte du grand vestibule, et tous deux, s’examinant du coin de l’œil, eurent la même pensée.