m’intéresse personnellement ni à cette jeune fille ni à ce gentilhomme… quoique je connaisse beaucoup de monde à Madrid… Mais quand j’interroge, j’ai mes raisons pour cela… Voulez-vous me dire le nom de ce gentilhomme ?
Cette fois, les beaux yeux de dona Cruz exprimèrent une véritable défiance.
— Je l’ai oublié, répondit-elle sèchement.
— Je crois que si vous le vouliez bien…, insista Gonzague en souriant.
— Je vous répète que je l’ai oublié !…
— Voyons… en rassemblant vos souvenirs… Cherchons tous deux…
— Mais que vous importe le nom de ce gentilhomme ?
— Cherchons, vous dis-je, — vous allez voir ce que j’en veux faire… Ne serait-ce point… ?
— M. le prince, interrompit la jeune fille, j’aurais beau chercher, je ne trouverais point.
Cela fut dit si résolûment que toute insistance devenait impossible.
— N’en parlons plus, fit Gonzague ; c’est fâcheux, voilà tout… et je vais vous dire pourquoi cela est fâcheux… Un gentilhomme français établi en Espagne ne peut être qu’un exilé… il y en a malheureusement beaucoup… Vous n’avez point de compagne de votre âge ici, ma