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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/312

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LE BOSSU.

Jonas sortit de sa niche et se mit en face de la Baleine qu’il regarda en riant.

La Baleine le prit par la nuque et l’enleva de terre. Jonas riait toujours.

Au moment où la Baleine allait le rejeter à terre, on vit Jonas se roidir, poser la pointe du pied sur le genou du colosse et rebondir comme un chat.

Personne n’aurait trop su dire comment cela se fit, tant le mouvement fut rapide. La chose certaine, c’est que Jonas était à califourchon sur le gros dos de la Baleine, — et qu’il riait encore.

Il y eut dans la foule un long murmure de satisfaction.

Ésope II dit tranquillement :

— Soldat, demande grâce ou je vais t’étrangler !

Le géant rugissant, écumant, ruant, faisait des efforts insensés pour dégager son cou. Ésope II, voyant qu’on ne lui demandait point grâce, serra les genoux. Le géant tira la langue. On le vit devenir écarlate, puis bleuir : il paraît que ce bossu avait de vigoureux muscles.

Au bout de quelques secondes, la Baleine vomit un dernier blasphème et cria grâce d’une voix étranglée. — La foule trépigna.