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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/400

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LE BOSSU.

Les derniers rayons du jour arrivant par la fenêtre dont les rideaux venaient d’être relevés, éclairaient en plein son visage et nous pouvons vous dire du moins comme elle était faite.

C’était une rieuse, une de ces douces filles dont la gaieté rayonne si bien, qu’elle suffit toute seule à la joie d’une famille. Chacun de ses traits semblait fait pour le plaisir : son front d’enfant, son nez aux belles narines roses, sa bouche dont le sourire montrait la parure nacrée.

Mais ses yeux rêvaient : de grands yeux d’un bleu sombre dont les cils semblaient une longue frange de soie.

Sans le regard pensif de ces beaux yeux, à peine lui eussiez-vous donné l’âge d’aimer.

Elle était grande ; sa taille était un peu trop frêle : quand nul ne l’observait, ses poses avaient de chastes et délicieuses langueurs.

L’expression générale de sa figure était la douceur ; mais il y avait dans sa prunelle, brillant sous l’arc de ses sourcils noirs, dessinés hardiment, une fierté calme et vaillante. Ses cheveux, noirs aussi, à chaud reflets d’or fauve, ses cheveux longs et riches, si lourds qu’on eût dit parfois que sa tête s’inclinait sous leur poids, ondulaient en masses larges sur son cou et sur