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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/570

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LE BOSSU.

Puis elle ajouta en jetant tout autour d’elle un regard passablement dédaigneux :

— Pobre dicha, dicha dulce !

C’est le proverbe espagnol d’où nos vaudevillistes ont tiré le fameux axiome : Une chaumière et son cœur !

Quand dona Cruz eut tout regardé, elle dit :

— L’amour n’est pas de trop, ici !… La maison est laide, la rue est noire, les meubles sont affreux… Je sais bien, bonne petite, que tu vas me faire la réponse obligée : Un palais sans lui…

— Je vais te faire une autre réponse, interrompit Aurore. Si je voulais un palais, je n’aurais qu’un mot à dire.

— Ah bah !…

— C’est ainsi.

— Est-il donc devenu si riche ?

— Je n’ai jamais rien souhaité qu’il ne me l’ait donné aussitôt.

— Au fait, murmura dona Cruz, qui ne riait plus ; — cet homme-là ne ressemble pas aux autres hommes… Il y a en lui quelque chose d’étrange et de supérieur… Je n’ai jamais baissé les yeux que devant lui ! — Tu ne sais pas, s’interrompit-elle ; — on a beau dire, il y a des magiciens… je crois que ton Lagardère en est un !