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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/100

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jours en dessous avec effroi : — Ah ! Seigneur ! Seigneur ! quel homme violent et terrible !

— Il a été impossible au docteur, continua Van-Praët, — de rejoindre à temps la jeune fille, et il a vu Klaus enfiler au galop l’avenue de Bluthaupt.

— Est-ce tout ? s’écria Regnault. — Applaudissez, messieurs, le conte est bien trouvé !

— Ce n’est point un conte, repartit le Hollandais sérieusement. — Yanos dort, et la feinte, comme vous le disiez tout à l’heure, serait désormais superflue.

La figure de Regnault s’allongea. L’intendant fit une grimace chagrine, et Mosès recommença à trembler.

— Et ce Klaus est parti ce matin ? dit Zachœus Nesmer.

— Et il n’est pas encore revenu !… ajouta Regnault, qui n’avait garde de rire.

— Et c’est un ancien vassal de Rothe ! reprit le Hollandais d’un air piteux.

Il y eut un long silence autour de la table ; puis les convives se regardèrent, et lorsque le chevalier de Regnault prononça bien bas le nom des bâtards de Bluthaupt, un frisson électrique courut autour de la table.

— Après tout, la grille est forte, dit Van-Praët.

— Et les portes sont bonnes, ajouta le chevalier de Regnault.

— Oui, répliqua lentement Zachœus en secouant de haut en bas sa tête pâle et immobile, — mais il y a juste neuf mois, cette nuit, un étranger est venu au château de Bluthaupt. Il est entré par la grille : qui pourrait dire par où il est sorti ?…

— Pensez-vous donc qu’il y ait une entrée inconnue ? murmura Regnault effrayé.

— Je ne suis au château que depuis peu d’années, répondit Zachœus, — mais j’ai souvent ouï conter aux vieux serviteurs du schloss que les Trois Hommes Rouges n’ont point besoin, pour entrer, de la clef de la grille…

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