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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/412

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chambre réelle et sérieuse, l’autre n’était évidemment que surnuméraire.

Sur les banquettes, dix ou douze personnages étaient assis et attendaient. Un monsieur en habit noir se promenait de long en large, avec une prestance fière et digne.

C’était tout bonnement un domestique, — mais vous l’eussiez pris pour un notaire.

— Monsieur de Geldberg ! demanda le baron en entrant.

Le garçon de bureau, habillé en avoué, le salua avec une politesse hautaine.

— Est-ce M. de Geldberg le père que Monsieur demande ? prononça-t-il d’une voix de basse-taille, embellie par un fort accent allemand, — ou M. Abel de Geldberg ?

— M. de Geldberg, le père.

— Fort bien… M. de Geldberg le père n’est pas visible, Monsieur.

— Veuillez me dire son heure.

— Il n’a pas d’heure.

— Comment fait-on pour le voir ?

— On ne le voit pas.

Rodach regarda ce grave personnage avec un commencement d’impatience. Il n’était pas éloigné de croire qu’on se moquait de lui. — À peine eut-il aperçu le visage du valet, que sa colère tomba tout à coup. Il réprima un mouvement de surprise, et tourna la tête, comme s’il eût voulu cacher ses traits à une personne connue.

Cette précaution était, du reste, fort inutile, car le valet costumé comme un président, ne lui faisait point l’honneur de le regarder.

— Eh bien, reprit Rodach, en affectant un ton d’indifférence, si on ne peut pas voir M. de Geldberg le père, je demande M. de Geldberg le fils…

— Fort bien, Monsieur, répliqua le domestique ; — ceci est différent… M. Abel de Geldberg est en affaires.

— Pour longtemps ?

— Peut-être bien.

— Et M. le chevalier de Reinhold ?

— En affaires.