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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/634

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Johann baissa les yeux, pour examiner le chevalier en dessous.

— Pourquoi me dites-vous cela ? murmura-t-il.

— Parce que vous êtes un homme sage, Johann, répliqua Reinhold avec un sourire flatteur ; — parce que vous savez voir le bon côté des choses… et que je vous crois un serviteur dévoué.

— Vous avez quelque rude besogne à faire faire, monsieur le chevalier.

— Du tout !… Quelques mesures à prendre… Une demi-douzaine de gaillards à trouver… C’est une affaire où vous n’auriez point à travailler personnellement, Johann… Je tiens trop à vous, mon bon ami, pour vous exposer ainsi à l’avant-garde…

— Il y a donc du danger ? demanda le marchand de vins.

— Oui et non… En France, ce serait dur… Mais en Allemagne…

— Ah ! ah ! fit Johann, — l’affaire est en Allemagne ?…

Le chevalier se prit à rire.

— Une occasion de revoir le pays ! dit-il. — Et que ferait-on ?

Le chevalier ne répondit pas tout de suite. Il regarda autour de lui pour se bien convaincre que nulle oreille curieuse n’était à portée de l’entendre ; puis il se rapprocha de son interlocuteur.

— Il s’agit de l’enfant, dit-il.

— Ah !… fit Johann, qui prit un air attentif et curieux ; vous avez donc de ses nouvelles ?

— Il est à Paris.

— Je vous l’avais bien dit, l’autre fois !…

— Ami Johann, ne vous vantez pas !… vous n’avez pas fait bon guet en cette occasion… Que m’avez-vous appris ? Rien du tout !… Et cependant, il y a longtemps déjà que le petit bonhomme est au milieu de nous, et ce serait bien le diable si vos camarades allemands n’en savaient pas quelque chose !

— Je puis vous certifier…

— À la bonne heure !… votre dévouement ne fait pas pour moi l’ombre d’un doute… mais êtes-vous bien sûr que ces brutes allemandes n’ont pas pris quelque défiance ?