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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/703

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presque à son insu. Il fit le tour du palier ; il tâta partout la muraille et ne trouva rien.

Il n’y avait personne. Si le son venait d’une source terrestre, il avait lieu chez Hans Dorn lui-même ou dans un petit bûcher noir appartenant également au marchand d’habits.

Et au fait, on disait que le père Hans avait beaucoup d’argent chez lui pour un homme de sa sorte. — Peut-être creusait-il une cachette pour son trésor.

Jean avança la main dans l’ombre pour tâter la porte du bûcher ; elle lui sembla solidement fermée en dedans…

Ce bruit, quel qu’il fût, avait commencé bien avant l’arrivée de Jean Regnault, mais lorsqu’il s’était fait entendre pour la première fois, il n’y avait nulle oreille ouverte pour le saisir.

Hans Dorn était sorti depuis la brune, et sa fille, la jolie Gertraud, avait bien autre chose à faire vraiment qu’à écouter les rats travaillant dans le vieux mur.

Elle donnait soirée. Son père lui avait dit d’aimer Franz et de le servir : elle suivait ces recommandations en conscience.

C’était bien Franz que Petite avait aperçu deux heures auparavant, traversant la place de la Rotonde, et se glissant dans l’allée sombre du marchand d’habits.

Franz voulait voir Gertraud. Il avait bien des choses à lui dire. Il avait tout un chapitre bizarre à joindre à son fantastique récit du matin. La joie débordait dans le cœur de Franz. Le roman de sa destinée marchait ; il était presque fou à force d’espoir ; il lui fallait un confident.

Et puis, quelques paroles échangées le matin avec Gertraud, tandis que le père Hans cherchait le fameux paquet d’habits, avaient ouvert à notre jeune homme tout un nouvel horizon.

Gertraud connaissait Denise ; elle semblait l’aimer. Et combien Gertraud avait gagné dans l’esprit de Franz depuis qu’il savait cela ! Comme il la trouvait meilleure et plus jolie ! Comme il l’aimait sincèrement et d’un amour de frère !

Denise et lui étaient séparés depuis que son expulsion de la maison de Geldberg l’avait éloigné de ces riches salons, dont la porte s’entr’ouvrait