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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/767

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nal. Madame la baronne de Saint-Roch, avertie sans doute par un signe convenu, colla son oreille au rideau de la loge.

Au bout de deux ou trois secondes, elle se leva et alla rejoindre l’étranger.

— Ça se noue ! dit Ficelle.

— Que diable signifie tout cela ? murmura Mirelune.

Madame de Saint-Roch prononça quelques paroles à l’oreille de l’étranger, qui s’inclina en signe d’assentiment.

On la vit se diriger vers une porte latérale. L’étranger l’accompagnait. Il sortit comme il était entré, sans avoir ouvert la bouche.

Les habitués de la maison de jeu de la rue des Prouvaires avaient trouvé pour la loge grillée un nom qui était tout une description. Le confessionnal ressemblait, en effet, à cette partie du meuble saint où le prêtre s’assied, caché à tous les regards.

À l’intérieur, c’était un microscopique boudoir, une boîte mignonne entièrement tapissée de soie et décorés avec toute la coquetterie possible.

Au moment où l’inconnu, qui avait eu l’audace grande de toucher sans façon la blanche main au râteau d’ivoire, quittait la salle de jeu sur les pas de madame de Saint-Roch, Petite était seule dans la loge. Elle se tenait debout, la main appuyée au bras de son fauteuil et dans l’attitude d’une attente inquiète.

L’intérieur de la loge était beaucoup plus sombre que la salle elle-même ; on n’y était éclairé que par la lumière du lustre, filtrant à travers la transparence des rideaux.

Grâce à ce demi-jour, Petite pouvait voir et n’être point vue. L’œil curieux des joueurs ne pouvait point percer les draperies de la loge obscure, tandis que le regard de Sara, trouvant des issues ménagées, faisait à son aise le tour de la table.

Quand l’assemblée se composait d’une certaine façon et que la fantaisie de Petite était de se mêler aux joueurs, on donnait à la porte une consigne plus sévère, et Sara, préalablement changée par une sorte de toilette théâtrale, venait bravement s’accouder au tapis vert. Madame la baronne de Saint-Roch avait vraiment un talent précieux pour habiller une tête et grimer galamment un visage. En sortant de ses mains, ma-