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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/122

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— Non pas ! répétèrent Reinhold et Mira.

Le Madgyar haussa les épaules.

— Il y a loin d’Amsterdam à Londres, dit-il, et puisque ce baron de Rodach était chez moi jeudi, il ne pouvait être chez vous…

— C’est clair ! murmura Reinhold, qui était bien aise de faire acte d’allié auprès de son terrible adversaire.

L’étonnement qui était sur le visage de Petite et de Mira se changeait en stupéfaction.

— Êtes-vous bien sûrs de ce que vous dites ? murmura machinalement la première.

— Aussi vrai que j’existe !… commencèrent à la fois Abel et Van Praët.

— Laissez donc ! interrompit le Madgyar ; est-ce bien ce Rodach que vous m’avez envoyé, Monsieur Regnault ?

— Oui, répondit Reinhold.

— Et bien ! c’est lui que j’ai reçu… Je l’ai vu, je l’affirme… Que dire à cela ?

— Que je l’ai envoyé à meinherr Van-Praët, répondit Aboi timidement.

— Et que meinherr Van-Praët l’a vu comme il vous, voit, ajouta ce dernier.

— Il y a encore à dire, reprit le docteur dont les yeux grands ouverts se fixaient sur Sara, que c’est ce même baron de Rodach que j’ai envoyé, moi, à madame de Laurens.

— Et que, moi aussi, je l’ai vu, appuya Petite, et qu’il était chez moi, à Paris, à l’heure que vous dites jeudi dernier, 8 février.

— C’est impossible ! s’écrièrent à la fois Van-Praët et le Madgyar.

— Cela est !

Tout le monde croyait rêver.

— À Paris !… à Londres !… à Amsterdam !… murmura Van-Praët qui ne souriait plus.

Yanos avait les sourcils froncés et demandait vainement la lumière à son esprit, où il ne trouvait que ténèbres.

Les trois associés de Paris s’interrogeaient de l’œil à la dérobée.

Mais c’était en vain : le mystère restait pour tous également inexplicable.