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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/161

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rouge, Une chemise violette, un habit bleu, un gilet jaune et un pantalon vert ; un pantalon volé par Mâlou et Pitois !

Batailleur ne l’avait jamais vu si rupin !

D’un mouvement invincible, sa main caressa les durs cheveux de Polyte ; elle eut ce sourire des Catherine qui se raccommodent avec les Orloff…

— Monte, dit-elle, mon petit.

Polyte, transporté d’allégresse, s’insinua entre sa reine et la Galifarde étonnée.

La diligence partit.

Madame Huffé haussa les épaules.

— Si c’est de la justice, grommela-t-elle, que des personnes qui ont eu des positions dans la société servent du monde pareil !…

Elle ne songeait pas, l’antique Ariane, à ce que lui eût coûté, en semblable circonstance, l’absence de son matou Minet !…

Les diligences de la rue Notre-Dame-des-Victoires et celles de la rue Saint-Honoré se rejoignirent, suivant la coutume, à un quart de lieue de la barrière ; puis, faisant trêve à ce galop brillant et intéressé qui ébranle le pavé de Paris, elles se mirent à marcher d’un trot tranquille et lent, à la suite l’une de l’autre.

On eût dit que chevaux, conducteurs et postillons faisaient assaut de calme et de patiente lenteur.

Il en est ainsi depuis qu’une excentricité judiciaire a tué ces pauvres Messageries françaises, qui avaient le double tort d’aller bon train, et de ne pas trop écorcher les voyageurs.

La voiture des Messageries Laffitte et Gaillard, où était Hans Dorn et ses amis, allait en tête ; à une centaine de pas, derrière elle, trottaient les Messageries royales avec Batailleur, son favori et son panier de provisions.

De temps à autre, une chaise de poste prenait les bas côtés de la route et dépassait, sans grand’peine, les lourds véhicules de la bourgeoisie voyageuse.

Le jour baissait ; on était à quatre ou cinq lieues de Paris. Au moment où les maisons de Pomponne blanchissaient à l’horizon, une dernière