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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/312

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» Ce matin-là, il vit le grand Monsieur tirer de dessous son manteau un objet dont la nature lui échappa, mais qu’il prit de loin pour des pièces d’or, tant cela brillait gaiement au soleil !

» — C’était la cassette qu’entourait un cordon de clous de cuivre.

» Hans la serra sur le plus haut rayon de son armoire. Tout en haut, tout en haut, comme dit la chanson de l’idiot…

» Geignolet, qui est un gaillard, fit un trou dans la muraille, derrière la ruelle du lit de Hans ; il entra. Dieu sait comme ; il ouvrit la cassette sans la briser, et fut bien désappointé, le pauvre diable, quand il vit dedans une liasse de chiffons au lieu des jaunets convoités.

» Il prit les papiers, en désespoir de cause, plutôt pour nuire que pour se faire du bien ; il referma la cassette, après l’avoir remplie avec les cendres du poêle, et sortit par son trou.

» Le plaisant, c’est que M. le baron de Rodach a probablement dans ses mains, à l’heure qu’il est, sa terrible cassette remplie de cendres !…

» C’est ce qu’on appelle un pistolet de paille ! »

— Mais le baron, dit madame de Laurens, cela ne nous apprend pas où il est ?

— Laissez faire Geignolet !… c’est notre oracle… Geignolet est en Allemagne depuis deux jours à peine et il a déjà rencontré trois fois le grand Monsieur qui porta la cassette chez Hans Dorn…

— Ah !… fit le Madgyar qui était tout oreilles.

— Vous voyez bien que j’avais deviné, murmura Petite ; il est ici !

Van-Praët s’occupait à faire un paquet des papiers jadis contenus dans la cassette. Il n’y manquait que les lettres de change tirées de Londres et d’Amsterdam sur la maison de Geldberg.

Mira contemplait le paquet d’un air de chagrm ; si le hasard eût fait tomber cette arme entre ses mains, il n’eût pas été homme à s’en dessaisir étourdiment.

— Je pense que mon ami Geignolet m’en a donné pour mon argent ! reprit Reinhold, qui triomphait toujours.

— A-t-il su vous dire le principal ? demanda madame de Laurens, la retraite du baron de Rodach ?…

— Nous y arrivons belle dame… Les trois fois que Geignolet a ren-