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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/315

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CHAPITRE IV.

LA TOUR DU GUET.

Le lendemain était le jeudi de la mi-carême. C’était le soir que devait avoir lieu ce fameux bal masqué dont les convives de Geldberg se faisaient fête depuis leur arrivée.

Les Parisiens cantonnés à Obernburg, Esselbach et autres quartiers, triomphaient ce jour-là. Ils avaient eu froid et leur estomac était saturé de choucroute ; les billets qu’ils avaient payés, pour la plupart, un prix exorbitant, ne leur avait guère donné, jusqu’ici, que le droit de regarder de loin les magnificences de Geldberg ; — ils n’avaient pas précisément à se plaindre, puisque tout était beau, prodigue, splendide ; mais ils commençaient à s’apercevoir que rien de tout cela, n’était fait pour eux et qu’ils vivaient de miettes échappées à la table des privilégiés.

Ils commençaient à s’avouer qu’ils faisaient en quelque sorte partie des décors et accessoires de la fête. — Quand il fallait du monde pour grossir un cortège, pour emplir une salle de spectacle, pour faire foule enfin, on s’empressait de les convoquer. Ils ne se faisaient jamais prier ; ils arrivaient à la première sommation, afin d’utiliser leurs frais ; — on les recevait admirablement, mais l’occasion passée, on les oubliait.

Et ils étaient alors réduits aux joies congrues d’Esselbach et d’Obernburg, ils regardaient tristement leurs cartes inutiles et qui ne valaient