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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/317

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effet, jusqu’au dernier moment pour quitter Paris et se rendre à la fête. Il en était arrivé la veille et cette nuit même.

Or, c’était là un fort grave embarras, parce que le château était plein, du rez-de-chaussée aux combles.

À cette occasion, il arriva un petit événement qui occasionna une certaine rumeur parmi la livrée, et dont l’écho parvint jusqu’aux chefs de la maison.

Il restait à caser certain Monsieur, hors de puissance de femme, et qui, se montrant d’aimable composition, déclarait que le moindre coin lui suffirait.

C’était charmant, mais il fallait trouver un coin.

Le chevalier de Reinhold, consulté, indiqua, l’une après l’autre, toutes les chambres qu’on avait négligé de restaurer, et qui, néanmoins, s’étaient trouvées successivement remplies ; il n’y avait de place nulle part.

À force de chercher, le chevalier parla de cette pièce abandonnée qui formait le plus haut étage de la tour du Guet, et qui avait servi autrefois aux mystérieuses expériences du vieux Gunther.

Il y avait encore, parmi les domestiques du château, deux ou trois serviteurs des anciens comtes ; c’est assez dire que la livrée de Geldberg n’ignorait aucune des légendes qui couraient sur la famille éteinte de Bluthaupt.

La plupart des valets de Paris affectaient, à l’endroit de ces vieilles histoires, une très-superbe crédulité ; mais le diable n’y perdait rien.

Après la légende des trois Hommes Rouges, dont ils s’occupaient énormément, la plus connue était celle qui racontait comme quoi le dernier seigneur de Bluthaupt, avec l’aide maudite du démon, avait essayé de faire de l’or dans son laboratoire de la Tour du Guet.

On ressassait d’autant plus volontiers cette fantastique histoire, que, depuis deux ou trois jours, un bruit étrange s’était répandu dans les campagnes voisines. On disait que cette lueur surnaturelle dont parlait la légende, l’âme de Bluthaupt, s’était rallumée, durant ces dernières nuits, au sommet de l’antique donjon…

Quand l’ambassadeur dépêché vers Reinhold revint à l’office et qu’il