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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/347

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Sara ; en son absence on ne pouvait former le fameux quadrille des Mille et une Nuits.

— Eh bien, Petite, s’écria Esther, nous vous attendons depuis une heure !

— Chut ! fit Sara en montrant le lit : je n’aime pas à le laisser seul avant qu’il soit endormi.

— Oh ! dit Julien, nous savons que vous êtes la perle des femmes.

— Mais maintenant, ajouta Esther, allez-vous venir ?

Sara réclama encore le silence d’un geste, puis elle regagna le lit sur la pointe des pieds ; elle entr’ouvrit les rideaux, et fit mine de regarder derrière elle avec sollicitude. Laurens ne bougeait pas. Elle laissa retomber les rideaux.

— Je vous suis, dit-elle en souriant ; il dort…

Tout le monde repassa le seuil, et Sara, qui sortit la dernière, ferma la porte à clef en dehors. Quelques instants après, Germain, le valet de chambre, revint de l’office : il était entre deux vins. Il s’arrêta un instant devant cette porte close ; puis il redescendit, charmé d’avoir trouvé un prétexte de boire une autre bouteille. Quelques instants après encore, on eût pu entendre dans la chambre de M. de Laurens des plaintes faibles ; cela dura deux ou trois minutes. Après quoi le silence se fit, interrompu seulement par quelques joyeux accords qui montaient par bouffées de la salle de bal…