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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/398

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— Au moins, ne nous gênera-t-il pas pour notre expédition ! grommela le docteur. Où en sommes-nous ?

Reinhold se frotta les mains.

— Si la chasse du cerf est aussi bien organisée que la nôtre, répondit-il, je plains le pauvre animal… C’est arrangé avec un goût parfait !… Le petit coquin ne peut éviter Charybde que pour tomber dans Scylla !…

— Je réponds de son poste de chasse, dit Mira ; j’y placerai moi-même l’homme que vous savez.

— Moi, ajouta Van-Praët, je viens de convoquer maître Pitois sous la Tête-du-Nègre, vis-à-vis de cette maison du paysan Gottlieb où Franz va si souvent…

— Et moi, reprit Reinhold, j’ai posté Mâlou dans les ruines de l’ancien village… et je viens de voir madame de Laurens qui courait au rendez-vous à bride abattue… cela fait le piège et l’appât… Je parierais pour les ruines !

— Moi, pour le poste de chasse ! dit le docteur ; c’est au bord de l’étang, et il y a certain vieux saule qui cache mon homme admirablement.

— Moi, pour la Tête-du-Nègre, ajouta Van-Praët ; si vous voyez comme mons Pitois est bien installé entre deux roches !

— Fritz, le petit joueur d’orgue et Johann, reprit Reinhold, font office de bataillon volant, ils cherchent, et ce serait bien le diable, si nous perdions encore cette partie avec un si beau jeu !

— Nous n’avons plus qu’une nuit, murmura le docteur, si nous la perdions.

— Bah ! firent ensemble Reinhold et Fabricius.

Un relancé, sonné à quatre trompes, se fit entendre dans la plaine. Les trois associés prêtèrent l’oreille un instant, afin de s’orienter, puis ils s’éloignèrent au grand trot, dans la direction de la chasse.

— Si nous nous perdions, avait dit Reinhold, dans deux heures nous nous retrouverons à ce carrefour.

Après le départ des trois associés, la halte resta déserte durant une ou deux minutes. Quand on eut cessé d’ouïr le bruit de leurs chevaux, un