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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/68

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Sara s’assit, enveloppée chaudement dans les plis de son peignoir. Les deux jeunes filles prirent à pleines mains les masses lourdes de sa chevelure, dont le peigne alerte lustra les anneaux étages. Deux nattes brillantes, longues, épaisses, s’enroulèrent derrière sa tête, laissant sur le devant une double grappe, noire comme le jais, et formant comme un gracieux cadre au plus joli visage du monde.

Sara, nonchalante et comme affaissée, cachait ses mains frileuses sous le peignoir ; ses yeux étaient clos à demi, ramenant sur ses joues la frange soyeuse et longue de ses cils ; elle semblait prolonger avec paresse le repos de sa nuit.

Quand les deux caméristes eurent achevé leur tâche, elle jeta vers la glace qui se penchait au-devant d’elle un regard distrait. La glace lui renvoya la radieuse beauté de son visage.

Les deux caméristes attendaient. Elle fit un petit signe de tête content, et les deux jeunes filles sourirent, récompensées.

Puis elle se leva comme à regret. Le peignoir tomba : un étroit corset dessina la souplesse fine de sa taille.

Par dessus le corset, une robe du matin agrafa ses plis harmonieux, dont la pudeur coquette laissait deviner les contours délicats d’une gorge de sylphide.

La toilette était achevée ; Petite eut encore ce sourire orgueilleux qu’elle avait accordé à sa beauté sans parure.

— Suis-je bien ?… murmura-t-elle.

Les deux caméristes firent assaut de flatteries ; mais la glace, qui ne flattait pas, en sut dire plus long qu’elles.

Sara était charmante, et la conscience qu’elle avait de son charme mettait autour de son front comme une éblouissante auréole.

La toilette avait duré une grande heure, et pendant tout ce temps madame de Laurens n’avait point parlé.

Ce ne fut qu’au moment où Nina drapait sur ses épaules un riche et moelleux cachemire des Indes qu’elle demanda enfin des nouvelles de son mari.

— M. de Laurens est bien malade ! répondit Nina.

— Et vous ne me le disiez pas ! s’écria Petite, en mettant bas tout à