Celle qu’il avait adorée à genoux, lorsqu’il la croyait pure, ne la repousserait-il point en apprenant sa funeste gloire ?…
Tous ces hommages qui l’accablaient chaque jour étaient sa condamnation.
Mais elle aimait, et si insensé que fût l’espoir, elle se forçait à espérer.
Sa forte nature luttait contre l’impossible, et, après des heures d’angoisses qui la terrassaient, accablée, elle se relevait dans sa vigueur et regardait d’un œil ferme l’avenir…
Durant une demi-heure elle resta immobile sur son sopha, la tête dans ses mains et gardant une attitude découragée.
La pauvre Aline se tenait à l’écart, contemplant avec inquiétude sa maîtresse aimée, et retenant son souffle pour ne la point troubler.
Au bout d’une demi-heure, Laure de Carhoat se releva lentement.
Elle rejeta en arrière ses longs cheveux. Son regard avait recouvré sa fierté.
— Prépare ma toilette, ma fille, dit-elle avec une sorte de gaieté calme, — je veux me faire belle aujourd’hui… ces messieurs m’attendent sans doute sur le rempart… choisis ma plus belle robe… il faut que je sois éblouissante !
Aline la regarda étonnée.
La Topaze s’assit devant sa toilette et sourit orgueilleusement à son miroir…