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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/795

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perdue son unique ressource, il lui sembla que la pierre contre laquelle il s’appuyait, cédait au poids de son corps.

Il rassembla ses forces et la poussa. — La pierre tourna lentement sur un pivot invisible, et des torrents de clarté inondèrent la place des ténèbres enfuies.

René bondit au dehors avec un grand cri de joie.

La pierre retomba, sollicitée par son propre poids, et referma d’elle-même l’ouverture.

Petit René avait clos ses yeux qu’éblouissait la clarté trop soudaine, et il s’était mis à genoux pour remercier Dieu.

Sa prière finie, il releva ses paupières et reconnut les objets qui l’environnaient.

Que de fois il était venu dans ce lieu sans en soupçonner le mystère !

Il se trouvait non loin du sommet du rocher de Marlet, sur cette petite plateforme où nous avons vu d’abord le vieux Carhoat, vêtu de sa peau de bique, mettre en joue la suite de M. de Presmes, — et où nous avons vu depuis le chevalier de Briant disparaître tout à coup, à la grande horreur de maître Hervé Gastel.

Nous savons maintenant par où s’était éclipsé le chevalier, et pourquoi le jeune veneur n’avait point trouvé son cadavre au bas du précipice…

Petit René regardait autour de lui, avec ravissement, le paysage connu. Au-dessous de ses pieds, à une grande profondeur, la Vanvre coulait lentement. — À sa gauche, la tête du roc s’élançait droite et blanche ; — à sa droite, le taillis de Marlet descendait la colline.

La brise y jouait parmi les feuilles demi-séchées et produisait ce murmure qu’il avait entendu dans le souterrain.

Entre lui et le taillis, la loge de son père s’écrasait, tapie contre la base même du roc.

Le soleil était déjà bien élevé au-dessus de l’horizon ; il devait être plus de onze heures. — René jeta un long regard vers le taillis, comme s’il eût espéré percer le couvert et découvrir, derrière les buissons épais, celle que son œil y cherchait toujours.

— Il est trop tard ! murmura-t-il ; — elle doit être revenue à la ferme…

Il quitta la plate-forme et gagna le sentier qui menait à Fontaine aux Perles.

En quelques pas il atteignit le sommet de la colline et se trouva en face de la maison de maître Jean Tual.

La porte de la ferme était ouverte, mais il n’y avait personne sur le seuil.

Le vieux gruyer s’était rendu de grand matin au château de Presmes pour affirmer son procès-verbal et soutenir la plainte qu’il avait portée contre M. le marquis de Carhoat, pris en flagrant délit de braconnage dans les varennes du roi.

Le vieux Carhoat avait autre chose à faire, nous le savons, ce jour-là, qu’à répondre aux citations du tribunal de la capitainerie.

Il ne comparut point. M. de Presmes partit pour la chasse, après avoir donné défaut contre lui, et maître Jean Tual resta auprès du greffier pour l’aider à