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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/91

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Denise, il fallait compter une invitation à la fête de Geldberg ; mais, en ce moment, il y avait au dedans de lui un sentiment hostile à Sara, et qu’il n’aurait point su définir. D’ailleurs, les enfants ont de la coquetterie, presqu’autant que les femmes.

— Je vous rends grâces, répliqua-t-il du bout des lèvres ; mais…

Il hésita ; il ne savait en vérité que dire.

— Vous ne voulez pas ?… dit Sara, dont le front se couvrit d’une légère rougeur…

— Belle dame, répliqua Franz en minaudant, je suis flatté… honoré… je suis reconnaissant…

— Mais vous refusez ?…

— Je n’ose dire cela… Je ne sais…

Sara fit un mouvement comme pour se lever, tant il y avait en elle d’impatiente colère ; mais elle se contint et réussit à rappeler sur ses traits ce sourire mélancolique qu’elle avait prie au commencement de l’entrevue.

— Autrefois, murmura-t-elle, vous eussiez accueilli bien chèrement cette occasion de me voir.

— Aujourd’hui encore, répondit Franz ; veuillez croire que je ne suis point changé ; s’il n’y avait que vous…

Petite attendit une seconde, puis comme Franz n’achevait pas, son front s’éclaira ; elle crut deviner.

— Serait-ce rancune de votre part ? dit-elle, et me feriez-vous payer les torts que certains membres de la maison de Geldberg ont eus à votre égard ?

Franz n’avait pas été si loin que cela ; il ne savait pas bien lui-même les motifs de son refus ; il était un peu comme ces enfants capricieux qui disent non et détournent la tête, tout en étendant la main pour accepter.

Mais ces paroles, prononcées imprudemment, lui ouvrirent un nouvel ordre d’idées ; sa lèvre se pinça en un sourire amer et rancunier.

— J’aurais bien mauvaise grâce à me souvenir de cela, madame, répliqua-t-il ; aux gens pauvres et faibles, on fait tout ce qu’on veut : c’est reçu, vous le savez, dans un certain monde, et j’étais alors si faible et sl pauvre !