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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/93

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homme pour ce qu’il vous a fait, et j’aurais aimé à l’humilier devant vous… Maintenant que vous avez accepté, Franz, parlons affaires, et prenons nos mesures… Ce sera une fête considérable ; le gros des invités partira dans le courant de la semaine prochaine ; mais la famille et les amis intimes quitteront Paris dimanche ou lundi… Voulez-vous être des nôtres ?

Franz ne répondit point. Une fois la lettre décachetée, il avait achevé de l’ouvrir, et ses yeux s’y étaient portés avec distraction. Par un hasard étrange, la lettre parlait de la fête de Geldberg, et annonçait positivement la visite de Sara.

Bien plus, elle prophétisait, en termes précis, la dernière proposition que Sara venait de faire.

Elle était d’une écriture inconnue à Franz, et, dans ce premier moment, il n’y découvrit point de signature.

Voici ce que disait cette lettre :

« Une personne qui a ses raisons pour porter à M. Franz un intérêt sérieux croit devoir le prévenir qu’une invitation lui sera prochainement adressée pour assister à la grande fête que les banquiers Geldberg, Reinhold et compagnie doivent donner à leur château d’Allemagne.

» Il n’y a aucun inconvénient pour M. Franz à accepter cette invitation, mais on doit le prier en outre d’anticiper sur le départ commun et de quitter Paris avec la famille Geldberg. Là est le danger, c’est un danger de mort ! »

La phrase et la page finissaient ensemble à ce mot.

Franz froissa la lettre et la mit dans sa poche.

Sa tête se pencha sur sa poitrine ; cette bizarre concordance des paroles de la lettre avec celles de Petite le plongeait dans un inexprimable étonnement.

— Eh bien ?… dit Sara.

La volonté de Franz était de refuser, mais il ne répondit point encore.

Il rêvait. Dans sa rêverie, il ouvrit la seconde lettre comme il avait ouvert la première.

— Vous choisissez un singulier moment, murmura Petite en souriant, pour dépouiller votre correspondance !…