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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/135

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— Mon drôle, dit tout bas M. de Gondrin, tu touches là à des choses qui brûlent. Sois prudent !…

Il ajouta à part lui :

— J’aurais pardieu payé bien cher une pareille aventure ! Cet homme n’est pas Lucas Barnèse, j’en suis sûr, et avant la fin de la soirée je jure bien que j’aurai vu son visage !

Il parlait à une pierre. Le More était sourd en ce moment.

Il étancha la sueur qui baignait son front, et murmura en lançant un regard de feu à madame Éliane :

— Elle ne m’écoute même pas !

— Par le nom de Dieu ! reprit-il en lui-même avec fureur, il faudra bien qu’elle m’entende !

Cet homme avait dans le cœur une grande haine ou un grand amour.

Il reprit en forçant sa voix, qui tremblait maintenant de colère :

— Voici le bon roi Arlequin tantième, qui a fait semblant d’aller à la chasse, et qui arrive, déguisé en carême-prenant. Il a suivi le marquis de Scapin, son favori, par monts et par vaux : il a vu sortir Argentine, sa reine, et il frémit de plaisir à la pensée de la vengeance, qui est la joie des dieux !

Arlequin gambadait en grinçant des dents.

Il y avait, en vérité, une émotion dans la salle. Chacun ressentait pour un peu la vérité des paroles prononcées par M. de Gondrin : le Bergamasque touchait là une chose qui brûlait.

— Allez, la musique ! s’écria le montreur avec