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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/147

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riant, seriez-vous, par aventure, Sa Majesté le roi d’Espagne, voyageant incognito ?

— Pour vous, baron, je suis mieux que cela.

— Peste ! Plus magnifique encore que votre lanterne, alors !

— Ne raillons pas, prononça froidement le More. Je suis las, et cet entretien ne durera pas longtemps désormais. Au temps où je vous vis pour la première fois, vous aviez désir d’être comte de Pardaillan et d’avoir trois cent mille livres de revenu.

— Ces désirs-là ne se perdent point, seigneur Estéban.

— Monsieur le baron, écoutez-moi. Ce jeune Gaëtan est aimé par une jeune fille à laquelle je m’intéresse. Je viens vous dire le prix que je veux vous payer sa vie.

— Le titre de comte et trois cent mille livres tournois de revenu ?

— Ni plus, ni moins.

— Et que demanderez-vous en échange ?

— Rien.

— Je suis tout oreilles, dit M. de Gondrin, qui rapprocha son siège.

Le More se recueillit un instant avant de parler.

— Votre route sera droite et sûre, dit-il enfin. Seulement, vous pourrez trouver à la traverse des influences puissantes. Il faut donc mettre la forme de votre côté. On vous a volé l’héritage dont nous parlons, monsieur de Gondrin.

— Je m’en doutais ! s’écria le baron en fermant les poings. Ce scélérat de Guezevern…

— Guezevern, l’interrompit don Estéban, ne