Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/149

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— Au château de Pardaillan.

— Par la sainte croix, s’écria Gondrin, je vais partir à l’instant même !

— Ce sera bien, dit le More.

— Voulez-vous venir avec moi ?

— Non. Notre chemin n’est pas le même ; je veux seulement vous donner un dernier avis. Il faut que vous réussissiez, monsieur de Gondrin, car vous êtes ici la main de la justice divine. Il faut que cette femme soit punie ; cette femme qui a trahi son mari vivant et qui vit de son mari mort. Pour réussir, marchez hardiment, mais prudemment. Je la connais, elle est capable de tenir tête à l’homme le plus résolu et le plus adroit. Il faudrait tout d’abord vous concilier l’appui de la principale autorité de la province.

— Le lieutenant de roi ? demanda Gondrin en souriant.

— Ce ne serait pas trop, répondit le More. Il faudrait en outre un magistrat ou un homme de loi habile qui pût conduire votre attaque à coup sûr.

— Où donc est Gondrin ? demanda en ce moment M. le duc de Beaufort à la porte du salon des concerts.

— Baron, reprit-il, brandissant un parchemin au-dessus de sa tête, nous aurons un roi qui dira « je veux » au lieu de « nous voulons. » Têtebleu ! M. de Beauvais a vu trente-six mille chandelles ! Quand Sa Majesté a parlé de votre affaire, le bonhomme a répondu : « Sire, vous êtes encore bien jeune pour vous mêler de ces affaires importantes… » Si vous aviez vu les yeux de Sa Ma-