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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/184

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rayons du soleil éclairèrent au-devant d’eux un objet blanc qui, à cette distance semblait bien petit.

Un nuage de fumée s’éleva et les deux rampes du défilé apportèrent le bruit d’une décharge.

Selon la duègne, M. le marquis dit un Ave ; selon le page et le bachelier, il s’écria tout uniment : Voto à Dios ! Voici la Sainte-Hermandad !

À quoi son écuyer qui avait le bras droit en compote, répondit :

— Les bandits sont cinq ; si les cavaliers de la Sainte-Hermandad sont plus de cinquante, nous avons espoir d’être secourus.

Ce qui donne juste la mesure de l’estime inspirée par la milice dans les États de Sa Majesté Catholique.

Cependant les cavaliers de la Sainte-Hermandad devaient être plus de cinquante, car on se battait sérieusement au bout du défilé. Le soleil venait de se coucher. Les silhouettes des trabucaires se voilèrent, puis disparurent. La nuit se fait vite dans ces encaissements de la montagne.

Le bruit de la bataille cessa.

— Ils auront passé sur le ventre de la Sainte-Hermandad ! gémit le malheureux écuyer.

La Sainte-Hermandad a bon ventre comme d’autres institutions également respectables ont bon dos.

Un grand silence régnait dans le défilé, puis on entendit un bruit de chevaux. La lune se levait du côté de la France. Nos pauvres voyageurs virent une masse noire qui avançait, surmontée par un objet blanc.