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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/191

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Il avait eu du More tout ce que celui-ci pouvait fournir. Il lui fallait désormais d’autres auxiliaires. Quand les hommes de la trempe de don Estéban ne peuvent plus servir, ils nuisent. M. de Gondrin, comprit, par sa propre inquiétude, qu’il n’était point bon de laisser derrière lui cet élément inconnu.

Dieu merci, M. le duc de Beaufort ne demandait qu’à faire du zèle. M. de Mazarin l’avait choisi entre tous pour poser en face de lui un mannequin d’adversaire, facile à berner ou à brûler, quand l’occasion serait venue. Aux premiers mots de Gondrin, racontant la comédie qui s’était jouée derrière l’écran des Bergamasques, dans la salle des concerts, M. de Beaufort prit feu comme un bouchon de paille. On courut chez l’envoyé secret du roi d’Espagne qui déclara ne point se porter garant pour don Estéban, et, sur cette réponse, mousquetaires et archers furent mis sur pied.

Il ne s’agissait de rien moins que d’un complot contre la vie de Louis XIV. L’assassin venait d’Espagne. Paris fut en émoi pendant vingt-quatre heures, et la lanterne magique, qui n’en pouvait mais, resta sur le carreau pendant des années.

Seulement, il était plus aisé de se dire : nous allons prendre don Estéban, que de lui mettre réellement la main au collet.

À l’heure où mousquetaires et archers envahissaient à grand bruit l’hôtellerie de l’Image Saint-Pancrace, don Estéban allait au petit pas de son beau cheval arabe dans les champs cultivés qui sont maintenant le quartier de Courcelles. Il avait