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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/77

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d’entrée donnait sur la Court-Orry, sorte de cul-de-sac irrégulier que la cour des Fontaines remplaça en partie. Ce théâtre, que Molière devait illustrer par ses triomphes et par sa mort, était alors abandonné, à cause du grand deuil royal.

Du cabaret à la porte latérale du palais qui ouvrait sur la Court-Orry, c’était une sorte de terrain vague, plein de décombres et de matériaux, car la mort avait surpris le cardinal au milieu des grands travaux qu’il avait entrepris de ce côté.

Le cabaret portait pour enseigne un tableau représentant le berger Paris tenant le prix de beauté entre trois déesses, avec cette enseigne : « À la Pomme-d’Amour, bonne chère et bon vin. » Il était tenu par deux de nos anciennes connaissances : la Chantereine, cette belle fille qui avait fait autrefois l’ornement du cul-de-sac Saint-Avoye, sous Marion la Perchepré, et l’ex-racoleur don Ramon, lequel était rentré dans la vie civile.

Ils formaient maintenant un couple légitime, auquel, contre l’habitude, la femme avait donné son nom. C’étaient maître Chantereine et sa bourgeoise.

La Pomme-d’Amour pouvait passer pour une maison bien achalandée, où le populaire abondait, où les pages et valets des hôtels nobles du voisinage faisaient volontiers ripaille, et où maints gentilshommes sans préjugés ne dédaignaient point d’entrer sains de corps et d’esprit pour en ressortir fous et malades.

C’était le soir de notre visite au clos Pardaillan. Il y avait bonne et nombreuse compagnie à la