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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/98

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Les deux silhouettes s’étaient arrêtées au coin de la maison et semblaient interroger du regard la solitude de la Court-Orry.

Le conseiller siffla doucement. Les deux silhouettes se remirent en marche.

— Maître Mathieu, reprit Saint-Venant, qui changea de ton, si vous êtes sage vous aurez cinq mille écus de plus. Si vous n’êtes pas sage… mais vous serez sage ! Maintenant, écoutez et regardez ; ma conversation avec ces bonnes gens vaudra pour vous toutes les explications du monde.

Les deux ombres n’étaient plus qu’à quelques pas. C’étaient deux hommes de moyenne taille, vêtus de robes arméniennes et coiffés du bonnet conique qui caractérisa de tout temps les soi-disant magiciens. Chacun d’eux portait un fardeau.

— Vos Seigneuries ont un marché à nous proposer ? demanda avec un accent italien très prononcé, celui des deux qui portait le fardeau le plus considérable.

— Le marché n’est-il point conclu, mon camarade ? riposta Saint-Venant qui lui prit la main et la secoua rondement.

L’Italien répondit avec embarras :

— On nous avait parlé de cinq cents pistoles pour le tout, mais notre marchandise vaut le double de cela, et en outre, nous avons réfléchi que nous risquions la corde. Cela vaut son prix.

Le second Italien répéta comme un écho :

— Cela vaut son prix.

Saint-Venant plongea ses deux mains dans les poches de son haut-de-chausses.